COMMISSION MIXTE
PARITAIRE DU NOTARIAT
Compte rendu de la séance du 25 février 2016
Sont
présents :
● Mr
GRACIA, Direction Générale du Travail, Président.
● CSN : Mes TOULOUSE, PROUVOST, MILLET,
ESPERANDIEU, BUHLER, FAVRE, JOASSIN-CHERON
● CGT : P. LESTARD, V. BAGGIANI, E. LAOUISSI
● CFDT : L. VERDIER, B. JEHANNO
● CFTC : A. PICAUD, S. WISNIEWSKI,
P. LEMOIGNE, G. TEBALDINI
● CGC : JP MOREAU, C. ROCHE, F.
COLLIN, H. GREARD
● FO : JJ. BEAUDOIN, R. MASSON, JJ.
LE FUR, G. RONCO, D.KRAUTH
● Secrétariat : Mme MENDRAS
________________
Avant
d'aborder l'ordre du jour, Mr GRACIA indique avoir pris acte de la demande de
discussion sur la question de la rémunération des absences pour enfant
hospitalisé. Cette discussion aura lieu lors de la prochaine séance.
1.- Approbation
du procès verbal de la séance du 21 janvier 2016
Ce
procès-verbal est approuvé après les observations effectuées
2.- Etude du
rapport de branche pour l'année 2014
Me
TOULOUSE rappelle l'objet du rapport de branche.
P.
LESTARD précise qu'il n'interviendra pas car il ne dispose pas d'un document
écrit lui permettant de formuler des commentaires, n'ayant reçu qu'un document
dématérialisé qu'il n'a pas pu éditer.
Le
document est distribué en séance.
Suivent
de longs échanges sur le contenu de ce rapport consistant essentiellement en
des statistiques économiques et sociales sur le notariat.
P.
LESTARD note, comme les autres membres de la commission, la qualité du rapport
et observe qu'il relate des constats, par nature non modifiables, ne nécessitant
pas de débats prolongés.
Après
d'ultimes échanges, il est pris acte de ce rapport.
Me
TOULOUSE précise que si des membres de la commission souhaitent poser d'autres
questions lors de la prochaine séance, ils pourront le faire.
3.- Salaires
Après
un bref exposé sur le principe des négociations annuelles en février, les
échecs de 2014 et 2015, et la clause de sauvegarde de septembre 2015 (0,50 %),
Me TOULOUSE observe qu'il y a actuellement une incompatibilité entre les
craintes suscitées par la loi Macron (tarif, installation) et une augmentation
des charges des offices.
De
ce fait, le CSN ne fait aucune proposition de revalorisation des salaires.
P.
LEMOIGNE pour la CFTC regrette l'attitude récurrente du CSN en la matière
consistant à reporter les décisions alors que les salariés ne cessent de faire
des efforts dans les offices. Les Pouvoirs Publics ayant augmenté le SMIC de
0,60 %, il voit mal comment le notariat pourrait faire moins pour la valeur du
point de salaire.
Me
TOULOUSE observe que l'inquiétude des notaires est partagée par leurs
collaborateurs. Il cite des statistiques démontrant que, quand ils le peuvent,
les notaires font des efforts sur les salaires.
Pour
L. VERDIER (CFDT) c'est pire que les autres années, et les salariés sont, en quelque
sorte, pris en otages au nom de la loi Macron. Leur travail intensif dans les
offices comme leur mobilisation pour la profession sont oubliés, alors pourtant
que l'activité a repris.
Elle
cite les évolutions de 2003 à 2014 à l'appui de ses dires. La CFDT, comme la
CFTC, demande le même coup de pouce que pour le SMIC, soit 0,60 %. Et elle
considère comme honteuse la position du CSN.
P.
LESTARD pour la CGT dénonce avec force la position du CSN qui, en quelque
sorte, viole les dispositions de la convention collective qui se réfèrent, pour
l'augmentation annuelle des salaires, à la seule notion de pouvoir d'achat des
salariés. Les incidences de la loi Macron ne doivent pas et ne peuvent pas
constituer un critère de référence.
Comme
ses collègues de la CFTC et de la CFDT, il demande au nom de la CGT une
revalorisation équivalente à celle du SMIC, soit 0,60 %.
Me
TOULOUSE réaffirme qu'on ne peut ignorer les données de la loi Macron sans
lesquelles le CSN n'aurait pas manqué de faire une proposition. Il espère
pouvoir mieux faire... plus tard.
JJ.
BAUDUIN pour la Fédération FO dit avoir compris la position du CSN mais ne la
partage pas. Il suggère un nouveau rendez-vous sur les salaires après la
publication des décrets d'application de la loi Macron.
Me
TOULOUSE prend note de ce souhait qu'il fera remonter au bureau, mais pour
l'heure il n'a aucune possibilité de faire une proposition.
Pour
la CFTC, A. PICAUD observe que les employeurs bénéficient des aides de l'Etat.
La
CGC rejoint la position des autres organisations syndicales et souhaite une
ouverture du CSN.
4.-
Classification des notaires salariés (demande CGT)
P. LESTARD présente la demande de la CGT dans les termes
suivants :
"La
convention collective comporte une anomalie en ne visant aucunement la fonction
de notaire salarié si ce n'est, de manière restrictive, pour dire que
l'appellation de notaire salarié ne constitue qu'un titre et non une
classification (dernier alinéa de l'article 15.1).
Cette
affirmation est au surplus inexacte car "notaire salarié" est plus
qu'un simple titre et constitue une fonction prévue par la loi et pour laquelle
l'intéressé a prêté serment. Dès lors, la CGT demande que cette disposition de
la convention collective soit corrigée par la suppression de la référence au
"notaire salarié". On peut
aussi soutenir, à l'inverse, que la notion de "notaire assistant" n'a
pas de fondement dans la mesure où être notaire implique d'avoir prêté serment.
Le notaire
salarié, pour obtenir une classification par référence à la convention collective,
ne peut se prévaloir que de la classification C1, comme diplômé (art. 15.6).
Autrement
dit, l'exercice de sa fonction de notaire, avec toutes les prérogatives et la
responsabilité qui y sont attachées, n'est aucunement rémunérée, alors que pour
la classification des autres salariés il est fait référence à cinq critères
classants (art. 15.1).
C'est une
anomalie qu'il convient de corriger, et c'est l'objectif de la demande de la
CGT dans le cadre de sa mission de défense des intérêts matériels et moraux des
salariés, de "tous" les salariés quelle que soit la fonction exercée.
A ceux qui pourraient s'en étonner, il convient de rappeler que le notaire
salarié exerce, avec toutes ses prérogatives, la fonction d'officier public,
mais n'est pas un notaire "employeur".
Ceci étant
dit, la CGT pose le problème et souhaite un débat entre tous les partenaires
sociaux du notariat, notaires et organisations syndicales. Elle n'a pas voulu,
à ce stade, formuler une proposition précise en termes de classification.
Elle pose
néanmoins comme principe de base que la fonction doit être rémunérée, ce qui
implique une classification supérieure au C1 qui ne rémunère que la possession
du diplôme.
Compte tenu
de la grille actuelle des classifications, le coefficient plancher applicable
serait le C2, et la discussion est ouverte pour les coefficients C3 et C4 pour
lesquels pourrait intervenir la notion d'importance de l'office qui est un
critère de classification des cadres.
La CGT
demande aux autres membres de la commission de réfléchir au problème ainsi posé
et de formuler leurs propositions lors de la prochaine réunion".
Après cet exposé, Me TOULOUSE accepte le débat mais
le CSN ne sera pas prêt pour la prochaine séance de la commission car il
procède actuellement à une étude globale sur le statut des notaires salariés.
P. LESTARD souhaite néanmoins que les organisations
syndicales fassent connaître leur position pour la prochaine séance.
Me TOULOUSE évoque aussi le problème des clercs
habilités qui vont disparaître avec la fin des habilitations, édictée par la
loi Macron. L'étude d'ensemble est donc véritablement nécessaire.
L. VERDIER pour la CFDT rejoint la position de la
CGT et va réfléchir à une proposition.
Pour la CGC il convient de veiller à ne pas faire
des notaires au rabais.
Puis, suivent de longs échanges traitant tout à la
fois des clercs habilités, du statut du notaire salarié, de son lien de
subordination, de sa qualité d'officier public, de ses attributions dans
l'office, etc...
JJ. BAUDUIN pour FO note que le congrès du Syndicat
National des Notaires à évoqué la classification C4 pour le notaire salarié,
avec en outre un intéressement.
Me TOULOUSE réaffirme la nécessité de débattre d'un
statut du notaire salarié dont le caractère hybride mérite de le traiter à part
des autres cadres.
P. LESTARD dit ne rien ignorer de toutes ces
données et de l'intérêt de débattre du statut du notaire salarié. Mais par
rapport à la question posée de la rémunération, nombre de ces données sont hors
sujet.
Il rappelle donc le principe de base de sa demande
visant, au nom de l'adage "Toute peine mérite salaire" à prendre en
compte dans la rémunération du notaire salarié, qui est bien un salarié et non
un employeur, les sujétions et responsabilités attachées à la fonction exercée.
Il en résulte que la rémunération du notaire salarié doit être supérieure au
coefficient C1 qui ne rémunère que la possession du diplôme de notaire par un
salarié exerçant une fonction de clerc.
R. MASSON acquiesce et souligne que si le notaire
salarié est rémunéré à un niveau trop bas, c'est la fin de la rémunération des
cadres en tant que tels.
La discussion sera reprise à la prochaine séance.
5.-
Protection des salariés mandatés, réécriture de l'article 34 de la convention
collective (demande des organisations
syndicales) - suite
Pour
répondre à une question posée lors de la précédente séance, le Président
GRACIA indique avoir interrogé les
services compétents de l'Etat sur la possibilité de prévoir, dans un cadre
conventionnel, l'intervention de l'inspecteur du travail.
La
réponse est très claire et se fonde sur un décret en Conseil d'Etat : on ne
peut créer de compétences nouvelles pour l'inspecteur du travail que par la
voie législative.
Me
TOULOUSE suggère que soit étudié un projet de texte, à soumettre à la
commission mixte paritaire pour débat, et visant à réformer l'article 34 de la
convention collective, afin de définir la protection à réglementer, son champ
d'application et les sanctions en cas de non respect des règles convenues.
JJ.
BAUDUIN rappelle que l'article 34 est sujet à interprétation et qu'il doit être
clarifié dès lors qu'il conduit la conseil paritaire de conciliation, siégeant
en formation restreinte, à rendre un avis.
R.
MASSON rappelle que des propositions en 8 points ont été formulées par les
partenaires sociaux et qu'il y a lieu de
les reprendre.
Me
TOULOUSE se dit d'accord pour un examen de la question en distinguant deux
volets :
-
la protection pour l'exécution du mandat du salarié concerné.
-
la protection contre son éventuel licenciement.
G.
RONCO tient à souligner que la protection doit être envisagée dans sa globalité
et qu'il serait dangereux de distinguer deux champs d'application différents.
Pour
R. MASSON, une jurisprudence protectrice existe lorsque le mandaté exerce des
fonctions assimilées à celle de délégué du personnel ou délégué syndical.
P.
LESTARD rappelle que l'objet des débats est de clarifier l'article 34, mais
pour la CGT il est hors de question d'envisager cette clarification dans le
sens d'une diminution de la protection actuelle.
Me
TOULOUSE demande aux organisations syndicales de réfléchir pour la prochaine
séance à une solution qui consisterait à adopter la position du Conseil d'Etat
:
-
en cas de licenciement pour faute : la commission aurait à vérifier si la faute
est caractérisée.
-
en cas de licenciement économique : la commission aurait à vérifier si la
situation économique de l'office justifie le licenciement.
Les
organisations syndicales vont conduire cette réflexion.
P.
LESTARD observe cependant que la commission, dans le schéma évoqué par Me
TOULOUSE, aurait bien à rendre un avis, favorable ou défavorable, au projet de
licenciement envisagé, et ce en fonction du résultat des vérifications effectuées
pour savoir si le licenciement est ou non justifié.
7- Questions
diverses
Le
Président donne la parole à P. LESTARD qui a indiqué avoir trois questions
diverses à traiter.
7.1 - Projet de réforme du code du travail
P.
LESTARD relève que la commission n'a pas directement en charge ce dossier et que,
pour l'heure, ce sont les confédérations qui ont à en connaître.
Pour
autant, ce qui est envisagé aura une incidence forte sur les relations de
travail et conduira à affaiblir la convention collective et tous nos accords de
branche puisque, par une remise en cause de la hiérarchie des normes, l'accord
d'entreprise prévaudra sur l'accord de branche.
Il
y a bien d'autres sujets très préoccupants dans ce projet, mais sur ce point de
la hiérarchie des normes notre commission est directement concernée, et pour la
CGT c'est inacceptable.
P.
LESTARD tient donc à affirmer le refus de la CGT de ce projet et sa
détermination à lutter pour son retrait.
Et
il appelle les autres organisations syndicales du notariat à s'unir pour faire
preuve de la même détermination.
7.2 - Projet du Conseil Supérieur du
Notariat
Le
Président du Conseil Supérieur du Notariat, dans une interview sur Face Book,
évoque un conséquent projet de dématérialisation de la relation des notaires
avec leurs clients.
Que
le notariat veuille se moderniser pour rendre un meilleur service, ce n'est pas
critiquable.
Mais
que soit envisagée la possibilité pour le client, via un site informatique
(NOTAVIZ) de rédiger lui-même des actes SSP (le bail d'habitation est cité en
exemple) semble particulièrement dangereux car c'est mettre le doigt dans un
engrenage dont on ne mesure pas jusqu'où il entraînera le notariat.
La
CGT a de forte craintes pour les emplois, notamment, et souhaite savoir si le
CSN a fait une étude d'impact à cet égard.
Quoi
qu'il en soit, la CGT estime anormal que les organisations syndicales aient été
tenues à l'écart d'un projet de cette importance, et elle formule ici une
demande officielle de réunion urgente entre l'ensemble des organisations
syndicales et le Président du CSN pour que soient exposés les tenants et les
aboutissants de ce projet et ses incidences sur les emplois, les salaires et
les relations de travail.
7.3 - Complémentaire santé : statistiques
de l'APGIS
Une
circulaire de la Fédération FO adressée dans les offices notariaux fait état de
1361 offices ayant adhéré à l'APGIS, soit un peu plus de 29 %, et conclut que
les autres, soit près de 71 %, sont adhérents à la MCEN.
Cette
statistique a interpellé la CGT car lors de l'audition de l'APGIS par la
commission, il a été fait état de presque 1.800 offices adhérents à cet
organisme.
Par
ailleurs le CSN a annoncé lors de la commission du 21 janvier dernier
l'adhésion de 18.696 salariés à l'APGIS et 18.947 salarié à la MCEN, soit un
équilibre entre ces deux organismes, ce qui n'est pas cohérent avec les
chiffres annoncés par la circulaire syndicale précitée.
La
CGT, en qualité de signataire des accords avec l'APGIS, a donc appelé cet
organisme pour avoir des précisions, qui sont les suivantes à la date du 24
février 2016 :
-
2.029 offices notariaux ont adhéré à l'APGIS (soit 44,55 %) et il en arrive
encore.
-
39 organismes assimilés ont adhéré à l'APGIS (soit 61 %)
-
et 56 chambres et conseils régionaux ont adhéré à l'APGIS (soit 41 %).
Cette
vérité mérite donc d'être établie.
Ces
chiffres sont cohérents avec ceux du CSN sur le nombre de salariés couverts par
l'APGIS.
Par
contre, la somme des salariés couverts par l'APGIS et la MCEN interpelle la CGT
car, par rapport au nombre total de salariés du notariat (environ 49.000), le compte
n'y est pas.
Une
partie de la différence s'explique sans doute par le fait que les salariés
d'Alsace sont couverts par une autre mutuelle, et peut-être aussi une partie de
ceux du Nord, en vertu d'accords antérieurs. Mais le compte n'y est toujours pas,
même s'il existe sans doute des cas de dispense.
Une
question se pose donc : de nombreux offices auraient-ils choisi d'autres
mutuelles, ou bien, ce qui serait préoccupant, existe-t-il des offices n'ayant
pas satisfait à l'obligation légale d'assurer une complémentaire santé à leurs
salariés ?
La
CGT demande que le CSN fasse une enquête auprès des offices pour savoir si
leurs salariés bénéficient tous d'une complémentaire santé, conformément à la
loi.
7.2 - Prochaine réunion : jeudi 24 mars
2016
Ordre du jour :
-
approbation du PV de la séance du 25 janvier 2016
-
rémunération des absences pour enfant hospitalisé
-
statut et classification des notaires salariés
-
protection des salariés mandatés
-
questions diverses
Avant
de clore la séance, le Président GRACIA indique que ses impératifs
professionnels le conduisent à cesser sa fonction de Président de la commission,
qui le remercie chaleureusement pour ses diligences (applaudissements).
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